Les vieilles tiges de l'aviation belge

Jean Selys de Longchamps

 Né à Bruxelles le 31 mai 1912, Jean est le second fils et le troisième enfant du comte Raymond de SELYS LONGCHAMPS et d’Emilie de THEUX de MEYLANDT et MONTJARDIN.
Dans sa jeunesse, n’ayant pas un penchant très accusé pour les études, il passe par un nombre impressionnant de collèges, notamment Saint-Michel et Maredsous où ses amis l’apprécient pour son art de raconter des anecdotes et de donner de l’intérêt à tout ce qu’il dit.
En 1933, il entre à l’escadron-école du 1er Régiment des Guides. En 1937, il est nommé sous-lieutenant de cavalerie.
En septembre 1939, c’est la mobilisation et le 10 mai 1940, l’invasion de la Belgique.

Pendant la Campagne des dix-huit jours, il prend part très activement aux rudes combats au canal de jonction Meuse-Escaut, à Lanaken, sur la Gette et sur la Lys. Puis le 28 mai, c’est la reddition

Il rejoint les lignes anglaises et parvient à s’embarquer à La Panne à destination de l’Angleterre. Il repasse en France où on essaie de reconstituer une armée belge. Frêle espoir vite anéanti par l’armistice de juin entre la France et l’Allemagne.

Il parvient alors à s’embarquer clandestinement à Marseille et débarque à Gibraltar.
Il rejoint au Maroc des aviateurs belges désireux de passer en Angleterre. Dénoncé, Jean de Sélys est emprisonné par les autorités françaises, ramené en France, jeté en prison à Marseille et finalement interné dans un camp dans la région de Montpellier. Il réussit à s’en évader, à franchir les Pyrénées, à traverser l’Espagne et à rejoindre l’Angleterre.

L’ardent désir de Jean de servir et de reprendre le combat va enfin pouvoir se réaliser.
A la fin de la Bataille d’Angleterre, le 31 octobre 1940, les aviateurs belges qui y ont participé totalisent vingt et une victoires!

Jean de Sélys a vingt-huit ans et demi, âge trop avancé pour devenir pilote de chasse.
Sans hésiter, il se rajeunit «administrativement» et arrive à ses fins. Breveté pilote, il passe le 14 août 1941 à la 61ème Operational Training Unit.

Le 30 septembre, il arrive à la 609ème, unité du 11ème Groupe de Chasse, chargé de la défense du sud de l’Angleterre. Il prend part à toutes les opérations de cette escadrille, tant de jour que de nuit, sur les côtes françaises et belges, collabore à la défense des côtes anglaises, de la manche, de la Mer du Nord, du Pas-de-Calais; bombarde les voies de communication en Belgique et en France, cause des dommages considérables aux transports ferroviaires et coule de nombreux bateaux ennemis. Le 20 janvier 1943, un jour dont les bruxellois ont gardé le souvenir, il se laisse tenter par le désir de frapper un coup d’éclat : sa mission de bombardement sur les chemins de fer belges terminée, il renvoie son ailier, et seul, vole sur Bruxelles et y mitraille l’immeuble de la Gestapo, avenue Louise.

Moins d’un mois après son raid spectaculaire de Bruxelles, il abat en combat aérien un Focke Wulf 190, qu’il a attaqué de face. Le 23 février 1943, il est cité à l’ordre du jour:
« Pilote de chasse animé d’un courage et d’une détermination remarquables. A fait preuve d’une extrême ténacité au cours d’un récent combat de nuit contre des vedettes armées en retournant huit fois à l’attaque malgré une opposition intense de tir et de projecteurs ennemis ».
Sa croix de guerre à ce moment est ornée de deux palmes et d’un lion de bronze

Le 13 mars, Jean quitte la 609ème et rejoint le No 3 Squadron. Le 31 mai 1943, jour de son anniversaire, il reçoit la Distinguished Flying Cross avec une citation qui résume très bien le röle actif qu’il joue dans la guerre aérienne:
« This officer is a pilot of exceptïonal ability and keenness. He shows a great offensive spirit and is eager to engage and destroy the ennemy whenever possible.
He has shown his great courage and initiative in numerous railtransport and the Gestapo headquarters attack in Brussels. He has also destroyed at least one enemy aircraft and damaged another ».

Dans la nuit du 15 au 16 août 1943, Jean part en mission au-dessus de la Belgique. Au retour, il demande à la tour de contrôle la permission d’atterrir. Soudain, amorçant la dernière partie de son circuit de descente, le Typhoon, portant des traces de coups de la. DCA ennemie, se casse en deux et s’écrase au sol.
Jean de Selys Longchamps avait trente et un ans.