Les vieilles tiges de l'aviation belge

Pierre de Caters, Premier aviateur et avionneur belge, Membre-fondateur des Vieilles Tiges de l'aviation belge

Michel Mandl et Guido Wuyts

I. La personnalité

Né à Anvers, le 25 décembre 1875.
Coureur automobile de renommée internationale.
Premier aviateur belge.
Premier constructeur d’aéroplanes et premier instructeur d’officiers pilotes belges.
Premier commandant de l’École d’aviation militaire belge en France.
Homme d’affaires.
Décédé à Paris, le 21 mars 1944.

 La carrière aéronautique

  • Septembre 1908: premiers essais d’envol sur le triplan "de Caters N°1" de type Goupy-Voisin à ‘s-Gravenwezel (Anvers).
  • 30 novembre 1908: premier vol sur le biplan "de Caters N°2".
  • Avril 1909: réception du "de Caters N°3" à Mourmelon-le-Grand et plusieurs vols de plus d’un kilomètre.
  • Été 1909: participation à l’Exposition Internationale de Francfort, aux Semaines de Berlin et Francfort.
  • Octobre 1909: participation à la Semaine d’Anvers. Pierre de Caters remporte la médaille d’or pour le Prix du kilomètre
  • Fin 1909: démonstrations à Varsovie, Constantinople et le Caire et début de la construction aéronautique avec les frères Bollekens.
  • 3 décembre 1909: l’Aéro-club de Belgique lui décerne le premier brevet d’aviateur.
  • Nouvel an 1910: Pierre de Caters offre à S.M. le roi Albert Ier son Aviator N° 2 (type militaire). Le Roi, à son tour, le remet à la Compagnie des Ouvriers et aérostatiers.
  • Février 1910: création d’Aviator, la première entreprise belge de construction d’aéroplanes (on ne parle pas encore d’avion à ce moment).
  • Septembre 1910: formation des premiers pilotes militaires.
  • Fin 1910: Tournée de démonstration aux Indes avec Jules Tyck.
  • 1914: Pierre de Caters devient le premier commandant de l’École d’aviation militaire belge à Étampes (France).
  • Fin 1915, le lieutenant de Caters quitte le monde l’aviation.

II. Biographie

Le champion automobile

Né à Anvers le 25 décembre 1875, Pierre de Caters effectue des humanités gréco-latines à Anvers. Il réussit brillamment son examen d’entrée à l’École Royale Militaire, mais préfère quitter la vie militaire après avoir passé quelques mois dans cette institution. Il poursuit ses études dans la Principauté liégeoise, à l’Institut Montefiore et y acquiert un diplôme d’ingénieur électricien. La pratique du sport constitue son divertissement principal. Il s’est essayé à la boxe, au football, à l’escrime et au tennis. Son sport favori sera toutefois la bicyclette. Au cours de la pratique de ce sport particulièrement en vogue, de Caters entre en contact avec le liégeois Camille Jenatzy qui l’amène au sport automobile.

Issu d’une famille aisée, Pierre de Caters peut se permettre de s’acheter en 1899, une petite voiture De Dion. Ce sera le début de sa carrière de pilote automobile. Après quelques randonnées épiques telle l’escalade du mont Ventoux, Pierre de Caters se distingue rapidement dans les premières courses auxquelles il participe: Paris-Marseille, Paris-Madrid, le circuit des Ardennes… Sa fortune lui permet d’acquérir les meilleures voitures du moment. Il achète une Daimler à Stuttgart, une Vincke à Malines et un véhicule Snoeck Bolide à Verviers. À la FN, il fait construire ce que nous appellerions aujourd’hui un véhicule hybride, propulsé par un moteur électrique combiné à un moteur essence de 100 cv.



1904 : Auvolant d’une Mercedes-Sunbeam
(Collection Robert Vervoort)

À Deauville, sur une voiture de son ami Jenatzy, Pierre de Caters parcourt le kilomètre lancé à nonante kilomètres/heure de moyenne. Toujours en 1901, il remporte la Première Semaine d’Ostende et l’année suivante, malgré un accrochage avec Louis Renault, il parvient à se classer neuvième de Paris-Vienne.

Nommé Président de l’Automobile-Club d’Anvers et capitaine de l’équipe Mercedes, Pierre de Caters prend part à sa première course Gordon-Bennett en Irlande.

En 1904, à Ostende, à bord d’une Mercedes de 90 chevaux, il établit un nouveau record du monde en atteignant 156 kilomètres/heure, vitesse fabuleuse pour l’époque.

La même année, il se classe troisième à la course Gordon-Bennett qui se déroule en Allemagne.
En 1906, il prend part à la Targa Florio en Sicile, au Grand Prix de l’Automobile de France (circuit de la Sarthe) et à la semaine d’Ostende.

Une de ses plus belles victoires et en fait sa dernière compétition automobile, est celle qu’il remportera au Circuit des Ardennes en juillet 1907.

Aux cours de ces différentes compétitions, Pierre de Caters a l’occasion de côtoyer d’autres champions automobiles qui deviendront tout comme lui des pionniers de l’aviation: Frits Koolhoven aux Pays-Bas, le Chevalier Jules de Laminne, l’anglais J.Moore-Brabazon et le français d’origine britannique, Henri Farman.

Les sports nautiques

L’activité sportive du baron de Caters ne se limite pas seulement à l’automobile, les sports nautiques l’intéressent également. C’est en avril 1906, qu’il s’impose d’emblée dans ce milieu très sélect de la course nautique en établissant trois records du monde sur canot à moteur de huit mètres. Il bat le record du monde des dix kilomètres, des cinquante kilomètres et celui du kilomètre à 50,5 kilomètres/heure. Il se fera également remarquer en Belgique en remportant la Semaine Autonautique d’Ostende qui se déroule du 20 au 24 août 1906.

Pierre de Caters découvre l’aviation

En 1908, l’aviation a déjà acquis ses lettres de noblesse. Aux États-Unis, les frères Wright ont ouvert la voie, mais c’est surtout en France que les progrès les plus spectaculaires seront réalisés. En Belgique, bien que l’Aéro-Club de Belgique ait vu le jour en 1901, il faudra attendre la semaine aéronautique de Gand, organisé par l’ "Aéro-club des Flandres" , pour voir décoller le premier avion. À son bord, le déjà célèbre Henri Farman qui effectue le 30 mai 1908 une première mondiale: le premier vol avec passager et plus précisément un mécène de l’aviation naissante, Ernest Archdeacon. Parmi la foule enthousiaste, un spectateur particulièrement attentif, Pierre de Caters.

Conscient du retard que la Belgique a pris dans le domaine de l’aviation, Pierre de Caters se rend à Paris dans les jours qui suivent cette première manifestation aéronautique. Il s’adresse aux frères Voisin qui sont avec Blériot et Delagrange, les constructeurs d’aéroplanes français les plus en vogue du moment. C’est donc dans les Ateliers de Billancourt que Pierre de Caters commande ses cinq premiers appareils. Grâce à cette commande, la Belgique va entrer par la grande porte dans le monde de l’aviation naissante. Les deux premiers appareils arriveront en Belgique au début du mois de septembre. Les trois autres aéroplanes seront livrés au cours de l’année 1909.

III. Les faits marquants de sa carrière aéronautique

Pierre de Caters, l’incontestable numéro un

C’est sur ses terres du château de ‘s-Gravenwezel, près d’Anvers, que le baron a décidé de faire ses premiers essais d’envol. Le "de Caters N°1" est un appareil triplan imaginé par Ambroise Goupy et construit par les frères Voisin (Goupy-Voisin). Il est composé de trois plans superposés qui ont chacun sept mètres cinquante d’envergure sur un mètre soixante de largeur. Pierre de Caters a décidé d’équiper son appareil d’un moteur belge Vivinus de 50 cv. Le motoriste Alexis Vivinus est bien connu dans le monde de l’automobile pour la robustesse et la fiabilité de ses moteurs. Lors des premiers essais d’envol au mois d’octobre, il parvient à plusieurs reprises à quitter le sol sur quelques dizaines de mètres.
Un mois plus tard, au cours du mois de novembre 1908, c’est à bord de son biplan le "de Caters N°2"  équipé d’un moteur Vivinus plus puissant de 100 cv, que notre vaillant pionnier parvient vraiment à s’élever dans les airs sur plusieurs centaines de mètres à une hauteur de 4 à 5 m. Par cette prouesse, il entre dans la légende de l’aéronautique en devenant le premier pilote belge.

En janvier 1909, de Caters expose le triplan Goupy-Voisin au Salon de l’Automobile de Bruxelles. Le Prince Albert est particulièrement intéressé par l’aéroplane lors de sa visite à la section consacrée à l’aviation.
Au mois de mars, Pierre de Caters avise le ministre de la Guerre qu’il a l’intention d’aménager un terrain d’aviation à Sint-Job-in-‘t-Goor. Il annonce par la même occasion que tous les officiers désireux de se familiariser avec le fonctionnement des aéroplanes auront accès à ces installations. Pendant un certain temps, Sint-Job-in-‘t-Goor est le centre de l’aviation en Belgique. Les cartes postales de l’époque mentionnent l’aérodrome comme le "Eerste Belgische Statie voor vliegmachienen".

En avril 1909, Pierre de Caters se rend à Mourmelon-le-Grand (au Camp de Châlons) pour y réceptionner son troisième appareil : le "de Caters N°3". Il a l’occasion d’y rencontrer les meilleurs aviateurs du moment, et plus spécialement le pilote avionneur Henri Farman. Dans le journal anversois "Le Matin d’Anvers" du 21 avril 1909, on peut lire : "le baron de Caters a réussi trois vols d’un kilomètre, chacun à des hauteurs variant entre 7 et 12 mètres". Le 28 avril, le même journal poursuit: "Le dimanche 25 avril, le baron de Caters a effectué un splendide vol de 2.800 mètres avec virage".
L’appareil est équipé d’un tout nouveau moteur (8 cylindres, 16 pistons) -- le Gobron -, spécialement destiné à l’aviation.

Pour arriver à ses fins, Pierre de Caters n’hésite pas à engloutir une fortune dans l’acquisition de divers moteurs.

De Caters remporte la Médaille d’or à la Semaine d’Anvers …et casse du bois

À partir de l’été 1909, on retrouve le baron de Caters en Allemagne. Après avoir effectué une dizaine de vols à l’Exposition Aéronautique de Francfort, Pierre de Caters participe successivement aux Semaines de Berlin et de Francfort. Il y remporte chaque fois un vif succès.

Fin octobre 1909, nous retrouvons le baron à Anvers où il participe à la première grande manifestation aéronautique en Belgique: la Semaine d’aviation d’Anvers. C’est la consécration. Le baron remporte la médaille d’or de l’Aéro-club de Belgique, qui récompense le premier aviateur belge à avoir parcouru un kilomètre.
Parmi les participants belges, on note la présence de Jan Olieslagers, l’un de nos futurs as de l’aviation et d’Ernest-Oscar Tips, avec un appareil de son invention.
Malheureusement lors du vol suivant, au moment de s’élancer dans les airs, une bourrasque plaque l’avion du baron au sol. Il s’en tire avec quelques égratignures. Le dernier jour de la compétition, Pierre de Caters fait une nouvelle embardée lors de la manœuvre d’atterrissage. Une fois de plus, il en sort indemne. De son biplan, il ne reste malheureusement que le moteur et l’hélice.

Semaine d’Anvers : 23 octobre – 2 novembre 1909 – L’avion du baron Pierre de Caters
(Collection Jean-Pierre Lauwers)

Pierre de Caters et les frères Bollekens

Pour la firme Bollekens, c’est le commencement d’une grande aventure et ce faisant, le début de la construction aéronautique en Belgique. Créés en 1858, les établissements Bollekens sont spécialisés dans la boissellerie. En un temps record, les trois frères, Eugène, Isidore et Joseph parviennent à remplacer la cellule, une partie du fuselage, l’empennage arrière et le « stabilo » avant. Les frères Bollekens ont immédiatement remarqué qu’il y avait beaucoup d’améliorations possibles. Jusqu’à ce jour, les appareils étaient construits de façon rudimentaire par des personnes non initiées aux métiers du bois. Avec l’aide du baron de Caters, les frères Bollekens réussiront à construire une toute nouvelle cellule.

L’ambassadeur aérien et le premier brevet d’aviateur belge

En cette fin d’année 1909, sans doute inspiré par l’Américain Wilbur Wright qui sillonne l’Europe, de Caters décide de se rendre à Varsovie et au Caire en passant par Budapest et Constantinople. Il fait tout naturellement appel aux frères Bollekens pour démonter ses deux biplans en vue de leur envoi en Pologne.
À Varsovie, si Pierre de Caters devient effectivement le premier aviateur à voler en Pologne, sa démonstration n’est pas vraiment réussie puisqu’il détruit son appareil en voulant éviter un obstacle ( un agent de police à cheval…). Qu’à cela ne tienne, Pierre de Caters n’est pas homme à se laisser démonter et quelques jours plus tard, il est en partance pour Constantinople.

C’est à bord de son second biplan, que Pierre de Caters effectue un premier vol d’essai le 3 décembre 1909 dans la métropole turque. Le dimanche 12 décembre, il s’élève une seconde fois dans les airs, devant une foule ébahie. Malheureusement, la malchance le poursuit. Au cours de ce vol, un des fils du gouvernail se rompt et oblige notre vaillant pionnier à se poser dans un champ au milieu d’un troupeau de moutons.
Le 15 décembre l’avion étant réparé, Pierre de Caters effectue officiellement devant la Commission de l’Aviation de l’Aéro-Club d’Égypte le premier vol effectué sur territoire égyptien et africain.

À son retour en Belgique, le baron de Caters apprend que l’Aéro-Club de Belgique, à l’instar de ce qui se pratique en France lui a décerné le premier brevet d’aviateur belge en date du 3 décembre 1910. Notre héros entre ainsi officiellement dans l’histoire aéronautique comme le premier aviateur belge. Dans le journal "le Figaro" du 16 février 1910, le baron de Caters est le seul Belge parmi les seize aviateurs dans le monde à avoir réussi un vol d’au moins une heure.

Pierre de Caters, fondateur de la première société d’aviation et premier instructeur militaire

Le 17 février 1910, de Caters procède à la création d’une société d’aviation dénommée « Aviator ». L’entreprise détient la représentation des appareils "Aviatik" d’origine allemande (sous licence Farman) qu’elle baptise du nom de la firme. Ce sont les frères Bollekens qui sont chargés de construire les "Aviator" pour le compte du baron.

Au cours de cette même année, Pierre de Caters participe avec succès à la "Flugwoche" de Berlin. Il y remporte les 1er prix de vol plané, d’atterrissage et de durée. Fin juillet, on retrouve le baron à Stockel où il participe, avec la plupart des grands noms de la jeune aviation belge, à la grande fête aéronautique organisée par l’Aéro-Club de Belgique.
Pierre de Caters a l’occasion d’y rencontrer le Roi Albert Ier auquel il confie qu’il a l’intention d’assurer gratuitement l’entraînement de six officiers. Le 30 août, il fait la même proposition au Ministre de la Guerre, le Général Hellebaut. Il a toutefois la malencontreuse idée de publier sa lettre dans deux journaux anversois. Pour faciliter l’accès à l’aérodrome, Pierre de Caters précise même qu’il a l’intention de construire une liaison ferrée entre la Métropole et Sint-Job-in-‘t-Goor. Il semblerait que le Ministre n’ait pas fort apprécié l’insistance avec laquelle Pierre de Caters aurait essayé de s’approprier la formation des aviateurs militaires.

Le 12 septembre 1910, à Sint-Job-in-‘t-Goor, de Caters entreprend l’écolage du sous-lieutenant Baudouin Montens d’Oosterwijck (brevet N° 19), suivi le 19 septembre par le premier vol du lieutenant d’artillerie Alfred Sarteel (brevet N° 25). Pierre de Caters devient ainsi, officieusement, le premier instructeur de l’aviation militaire naissante. Entre-temps toutefois, le Chevalier Jules De Laminne a reçu du Général Hellebaut la mission de former le premier aviateur militaire sur l’aérodrome de Kiewit. Le premier brevet militaire officiel sera ainsi décerné en décembre 1910 au lieutenant Georges Nélis (brevet N° 28), officier du génie, ce qui n’était pas le cas des deux élèves de Pierre de Caters…

Voyage aux Indes et fin de sa carrière active de pilote

Accompagné du belge Jules Tyck, autre pionnier de la première heure avec le brevet numéro 8, Pierre de Caters se rend aux Indes et termine l’année 1910 à Calcutta. Il a dans ses bagages quatre appareils démontables fabriqués par les frères Bollekens qui font breveter cette invention sous la marque "Jero". Après quelques vols avec les autorités locales, de Caters se produit à Bangalore au début de février 1911. Il y effectue d’impressionnantes démonstrations en présence de trente mille personnes.

À son retour à Anvers, de Caters se voit remettre la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur pour les services rendus à l’aviation belge. Par la suite, de Caters arrête toute activité aérienne, apparemment à la demande de sa famille.

Ayant également décidé de mettre fin aux activités de sa société Aviator, les frères Bollekens reprennent les quatre avions Aviator ainsi que les huit hangars montés par le baron à Sint-Job-in-‘t-Goor. Les Bollekens deviennent locataire du champ d’aviation de la famille de Caters et se chargent d’assurer toutes les activités de la société défunte.

Premier commandant de l’École d’aviation militaire belge à Étampes, Pierre de Caters met fin à sa carrière aéronautique

Lorsque la mobilisation est décrétée, de Caters estime qu’il doit reprendre du service et se met spontanément à la disposition de son pays. Il va avoir 40 ans. Il entre à l’Armée le 1er août 1914 et dès le 6 août, il s’illustre en allant récupérer avec le prince de Ligne, l’appareil HF-20 de Hagemans et Gallez posé en catastrophe dans les environs de Waremme, à la suite d’une avarie moteur. L’appareil est ainsi ramené à Anvers.
Affecté à la défense aérienne d’Anvers, il commande un détachement d’automitrailleuses. À la mi-septembre il se voit confier une mission à Bourg-Léopold. Il est chargé d’y installer un dépôt de carburant en vue du ravitaillement de six Baby-Sopwiths en route pour des bombardements de Düsseldorf et Cologne.
Au mois d’octobre 1914, il est chargé par le Ministre d’une nouvelle mission : la formation du corps des auto-canons.
En juin 1915, il intègre l’aviation. Le 5 août, l’École d’aviation militaire ayant été transférée au Centre Farman à Étampes (France), après l’évacuation d’Anvers, les autorités militaires n’hésitent pas à lui confier la direction de l’École. Il devient ainsi le premier Commandant de l’École d’aviation. Le baron de Caters assumera cette fonction jusqu’à l’été 1916, "fonction dans l’accomplissement de laquelle il montre le plus grand dévouement", lit-on dans un rapport du 4 avril 1916, du Directeur Technique, le Commandant Tournay. Ce rapport précise encore que depuis l’arrivée du lieutenant de Caters, "l’importance de l’École d’Étampes s’est beaucoup accrue. Depuis août 1915, cet établissement a envoyé au front 25 pilotes au sujet desquels le commandant de l’aviation a exprimé à diverses reprises toute sa satisfaction pour les aptitudes professionnelles, l’esprit et des connaissances techniques de ces pilotes".

Pierre de Caters, l’homme d’affaires

Pendant la guerre, au cours de l’été 1916, le lieutenant de Caters est envoyé en mission aux États-Unis pour le Parc de matériel d’aviation militaire. À son retour, le baron introduit une demande de congé sans solde en vue de lui permettre de s’occuper de la Société Anonyme des Combustibles Économiques qu’il vient de créer et dont le siège se trouve à Paris. Il s’agit en fait de la fabrication de briquettes au départ de la tourbe en remplacement du charbon. Sises à Boigny-Baulne (Seine& Oise), ces usines devaient être susceptibles de livrer 100 tonnes de briquettes par jour.

Le baron de Caters obtient ce congé grâce l’appui du Ministre de la Guerre, de Broqueville. Ce dernier, devenu Ministre des Affaires Étrangères, renouvelle son soutien au baron lors de la demande de prolongement de ce congé sans solde par un courrier qu’il adresse à son collègue de la Défense, le 3 octobre 1917 : « J’estime que cette entreprise présente un intérêt considérable pour les Alliés ».

À la fin des hostilités, de Caters poursuivra ses activités industrielles. On ne le reverra plus à aucune manifestation aérienne.
Pionnier de la première heure, avec plusieurs records à son actif, Pierre de Caters a montré la voie à toute une génération d’aviateurs. Il a mis sur pied la première entreprise d’aviation civile et initié les premiers officiers à l’aviation.

Lors de la création en mars 1937 de l’association des « Vieilles Tiges », qui regroupe les pilotes ayant reçu leur brevet avant août 1914, Pierre de Caters est présent à l’Assemblée Générale. Jan Olieslagers, Vice-Président de l’association, l’accueille en ces termes : « Ce qui me fait plaisir, c’est la présence parmi nous du plus ancien pilote belge, de celui qui nous a montré le chemin de l’air en risquant sa vie et sa fortune, en sacrifiant son temps pour y arriver. Acclamons le baron de Caters ! ».

Le baron de Caters meurt le 21 mars 1944. Avec lui disparaît une des figures les plus prestigieuses des débuts de l’aviation en Belgique.

Hommage et souvenirs

Ses enfants et petits enfants ont tenu à rendre hommage à leur père et grand-père au travers de différentes initiatives. Ils ont été particulièrement attentifs à tout ce qui a pu être écrit à propos de Pierre de Caters. Une association a été créée et elle dispose d’un site internet où l’on peut retrouver diverses informations concernant ce pionnier de l’aviation.
Dans le cadre du centenaire de son premier vol, diverses activités sont prévues et un livre biographique doit paraître au cours de cette année 2008. On ne peut que se réjouir de ces initiatives qui permettront aux plus jeunes de mieux se rendre compte des réalisations de nos premiers aviateurs et du rôle que la Belgique a pu jouer à cette époque dans le développement du « plus lourd que l’air ».

IV. Bibliographie

  • Documents du dossier militaire: archioves e la Défense.
  • Le Printemps de l’aviation belge : Chevalier Jules de Laminne, L’Horizon Nouveau, Liège, 1938.
  • Les Belges à la conquête de l’Air : Aéro-club de Belgique, Hayet, Bruxelles, 1976.
  • Revue des amis du Musée de l’Air et de l’Espace, N°21, 1978.
  • Guy de Caters : Baron Pierre de Caters, 1908 : naissance de l’Aviation belge.
  • Guy de Caters : N°22 et 23 (1979) : Baron Pierre de Caters (suite).
  • De Geschiedenis van de Nederlandse en Belgische Luchtvaart : Lekturama – Hans Groesbeek, Rotterdam, 1982.
  • L’histoire de l’aviation militaire belge : Manuscrit du Centre de Documentation Historique, Bruxelles, 1984.
  • Les as de l’Aviation belge : Hervé Gérard, J-M Collet, 1994.
  • De geschiedenis van de Belgische Militaire Vliegerij (1910-1918) : Ludo Vrancken, Koninklijke Legermuseum, Brussel, 1999.
  • Aviation Militaire 1910-1929 : John Pacco, J.P. Publications, Aartselaar,2000.
  • Association Baron Pierre de Caters : site web : http://www.pdecaters.be/.
  • Documents BAMRS Brussels Air Museum Restauration Society (web site).
  • Documents BAHL :Brussels Air Historical Library (web site).
  • Documents et photos de Mr Guy de Caters.

V. Annexe: Photos et documents

Pierre de Caters en vol - (Col.-Ver. J-P. Lauwers)

A l’arrière plan, le dirigeable "Cloud"

A Châlons sur Voisin-Farman à structure cellulaire