Les vieilles tiges de l'aviation belge

Edgard Evrard, médecin militaire, aviateur, évadé de guerre, historien

Michel Mandl et Alphonse Dumoulin

I. La personnalité

Né à Obaix (Hainaut) le 28 septembre 1911.
Décédé à Bruxelles le 1 juillet 1999.
Général-Major Médecin.
Membre d’honneur des Vieilles Tiges de l’Aviation belge.

Sa carrière de médecin en aéronautique

 Classé premier au concours d’admission à l’ Ecole Royale du Service de Santé militaire, il est admis comme élève médecin le 14 août 1930

Diplômé Docteur en médecine en juillet 1935, il est désigné en juin 1936 pour le Service de Santé de l’Aéronautique militaire.

Octobre 1936: mutation au Service de Santé du 1er Régiment d’Aéronautique à Gossoncourt où il effectue plus de 500 heures de vol entre 1936 et le début des hostilités en 1940.

1er décembre 1937: accident aérien en Fairey-Fox avec le Sous-Lieutenant Roland Roelandt comme pilote. Tous deux sont contraints d’évacuer l’avion en perdition à la suite d’une panne d’instruments due au givrage.

De mars 39 à janvier 1940, il est attaché au laboratoire médical des Etablissements de l’Aéronautique Militaire à Evere.

Février 1940 : affectation au 3è Régiment d’Aéronautique à Evere

  

Après avoir quitté la Belgique le 6 juin 1942, il est incarcéré au Camp de Clairfont en France d’où il s’évade. Refait prisonnier après le passage de la frontière en Espagne, il est interné dans le camp de concentration de Miranda de Ebro où il séjournera sept mois et demi.

Arrivé à Londres le 1er mai 1943, il s’engage dans la Medical Branch de la RAF. Le 8 septembre 1944, il est désigné comme médecin d’une RFA/Belgian Recruiting mission à Bruxelles.

Après un retour à Londres fin mai 1945 et sa nomination au grade de Squadron Leader, il rentre en Belgique le 1er mars 1946 pour devenir Chef du Service de Santé.

Promu Colonel médecin en mars 1959, il est attaché à la Direction Générale du service de Santé des Forces armées.

Nommé Général-major médecin le 26 décembre 1964, il est muté à la Délégation permanente belge au Conseil de l’Atlantique Nord à Paris.

Le 1er octobre 1968, il est nommé Inspecteur Général du Service de Santé des Forces Armées, fonction qu’il occupe jusqu’à sa mise à la retraite en octobre 1970.

Il entre dès son passage à la vie civile à l’Agence européenne de contrôle de la circulation aérienne. Il y crée le service médical qu’il dirige jusqu’en 1981.

II. Biographie détaillée

A l’âge de dix ans, Edgard Evrard est profondément marqué par un événement important, le décès de sa mère. Devant l’apparente impuissance du médecin qui la soigne, le jeune Evrard est bouleversé. Sa décision est prise, il deviendra médecin.

Après des humanités gréco-latines au Collège Sainte-Gertrude à Nivelles, Edgard Evrard obtient une bourse d’études et, contre l’avis de son père qui estime qu’il ne peut payer des études universitaires à son fils, il s’inscrit comme étudiant en médecine à l’Université de Louvain en septembre 1929.

L’année suivante, il est admis comme élève médecin à l’École Royale du Service de Santé militaire. Il suit les cours à la faculté de médecine de l’Université de Louvain de 1930 à 1935. Il reçoit son diplôme de docteur en médecine en juillet 1935.

A l’étonnement de ses supérieurs militaires, Edgard Evrard choisit de faire carrière à l’aviation militaire. Il a fait ce choix après avoir assisté à une conférence de recrutement du responsable du Service de Santé de l’Aéronautique militaire, le Lieutenant-Colonel médecin Sillevaerts. Evrard est enthousiasmé par les propos du conférencier qui fait découvrir à son auditoire un domaine nouveau, important pour de jeunes médecins pleins d’allant et de dynamisme.

À sa sortie de l’École d’Application du Service de Santé (Hôpital militaire de Bruxelles) en juin 1936, il est désigné pour le Service de Santé de l’Aéronautique militaire. Sa première affectation est l’École de formation des pilotes à Wevelgem.

Il y obtient le brevet d’observateur et devient ainsi le premier médecin navigant militaire en Belgique.

En octobre 1936, il est muté au Service de Santé du 1er Régiment d’Aéronautique à Gossoncourt (Tirlemont). Passionné par le vol, le jeune médecin navigateur accumule rapidement de nombreuses heures sur différents types d’appareils. C’est ainsi qu’il effectue plus de 500 heures entre 1936 et le début des hostilités en 1940.

Ces intenses activités aériennes ne l’empêchent pas de poursuivre ses études universitaires et en 1937, toujours avec grande distinction, il obtient deux nouvelles licences à l’Université Libre de Bruxelles, en "Hygiène et médecine préventive" et en "Éducation Physique".

Le 1er décembre 1937, c’est toutefois l’accident aérien en Fairey-Fox. Avec le Sous-Lieutenant Roland Roelandt comme pilote, Edgard Evrard est contraint d’évacuer l’avion en perdition. Roelandt a perdu le contrôle de l’appareil dans les nuages, à la suite d’une panne d’instruments, due au givrage. Il ordonne à son navigateur de quitter l’avion, mais la désorientation et l’effet des accélérations compliquent considérablement la manœuvre d’évacuation. Finalement l’un et l’autre parviennent à s’extraire du cockpit et à ouvrir leur parachute à une altitude estimée à 1.000 m. L’appareil s’écrase dans les environs de Fleurus.

De mars 1939 à janvier 1940, Edgard Evrard est attaché au laboratoire médical des Établissements de l’Aé.M. à Evere. Il participe avec le Lieutenant médecin Jean Stijns à des expérimentations en caisson à dépression et en vol, à des tests de prototypes d’inhalateurs d’oxygène. Plus précisément, Edgard Evrard accepte d’être enfermé dans le caisson avec le Lieutenant aviateur Léon Abraham pendant treize jours à une altitude fictive de 3.800 m. Les résultats de cette expérience (il s’agissait de la deuxième du genre) étaient presque totalement rédigés quand éclata la guerre. Abandonnés avec d’autres dossiers à Evere, le 10 mai 1940, ils n’ont par la suite plus été retrouvés.

C’est à l’occasion d’un congrès au Luxembourg en juillet 1938, qu’Edgard Evrard fait la connaissance de Simonne, sa future épouse. Il s’agit de la fille du Médecin Général-Inspecteur Antoine Schikelé, directeur du Service de Santé de la 20e région militaire à Nancy. Après avoir été reporté à plusieurs reprises à cause des événements en Europe, le mariage a finalement lieu le 13 novembre 1939 à Vauvillers dans la Haute-Saône.

En février 1940, Edgard Evrard est affecté au 3e Régiment d’Aéronautique à Evere. C’est au sein de cette unité qu’il participe à la campagne de mai 1940.

Le récit des années de guerre figure dans la rubrique "Faits marquants".

Après son emprisonnement en Espagne, Edgard Evrard parvient à rejoindre l’Angleterre. Il est affecté à sa demande à la section belge de la Royal Air Force (RAF), puis s’engage dans la Medical Branch de la RAF. Après avoir suivi différents cours, il est désigné pour la base aérienne proche de Stratford-on-Avon.

À partir du 1er avril 1944, il devient médecin chef du Service de Santé de la base où se trouve, entre autres, une unité d’instruction pour le personnel belge arrivant de Belgique.

Le 8 septembre 1944, après la libération, il apprend à Londres qu’il est désigné comme médecin d’une RAF/Belgian Recruiting mission à Bruxelles. C’est par le 7 de la rue Belliard que passeront dorénavant tous les candidats élèves–pilotes, puis les autres volontaires qui désirent rejoindre la section belge de la RAF.

Fin mai 45, il retourne à Londres auprès de l’Inspectorat de la Belgian Air Force, embryon de ce qui deviendra, en octobre 1946, l’État-Major de la Force Aérienne. À cette même date, il est promu Squadron Leader (Major) dans les cadres de la Medical Branch de la RAF.

À son retour en Belgique, le 1er mars 1946, le Docteur Evrard est désigné comme chef du Service de Santé.

Avec la création de l’OTAN, on assiste à la mise sur pied de différents organismes de recherches dans les diverses disciplines de l’Aéronautique. L’Advisory Group for Aerospace Research and Development (A.G.A.R.D.) en est sans aucun doute le plus important. Le Docteur Evrard fait partie du sous-groupe médical dès sa fondation en 1952. Il en exerce la présidence à deux reprises, de 1956 à 1959 et de 1962 à 1964 et en 1977, il devient l’un des trois membres belges du Conseil des Délégués nationaux de cette agence.

Le 26 mars 1959, ayant été promu Colonel médecin, il est attaché à la Direction Générale du Service de Santé des Forces Armées.

Nommé Général-major médecin le 26 décembre 1964, il est muté à la Délégation permanente belge au Conseil de l’Atlantique Nord d’abord à Paris, ensuite à Evere après le déménagement de l’OTAN.

Le 1er octobre 1968, il est nommé Inspecteur Général du Service de Santé des Forces Armées. Il occupe cette fonction jusqu’à sa mise à la retraite en octobre 1970.

« La Médaille von Karman », distinction à laquelle il tenait particulièrement, lui est décernée en 1987 par le Conseil des délégués nationaux de l’ A.G.A.R.D. – OTAN.

Le Général Major médecin Evrard s’éteignit le 1er juillet 1999, après une courte maladie, et sans doute avec le sentiment de ne pas avoir pu accomplir tout ce qu’il aurait aimé entreprendre au cours d’une vie pourtant déjà extrêmement bien remplie et exaltante. Une vie au cours de laquelle il a toujours souhaité être vu comme « le défenseur et le protecteur » de son personnel navigant pour lequel il avait énormément d’estime et d’admiration.

III. Les Faits Marquants

Le médecin aviateur

Après l’obtention du brevet d’observateur, c’est à sa demande qu’ Edgard Evrard est admis comme médecin dans le personnel navigant. Evrard a rapidement compris que s’il voulait s’intégrer au milieu très fermé des aviateurs, il devait être l’un des leurs.
Comme il le précisera dans son ouvrage Les Ailes d’Esculape (1991):
Ce statut d’observateur navigant modifie profondément chez les aviateurs l’idée qu’ils se font de leurs médecins. Ceux-ci deviennent leurs confidents et leurs protecteurs. L’image du médecin expert, "ennemi potentiel", détenteur du terrible droit de les radier du personnel navigant, est remplacée par celle du médecin bienveillant, ami et défenseur, juste mais compréhensif, intègre mais sensé dans l’application des règlements.

A la suite de son accident en Fairey Fox, Edgard Evrard devient le premier médecin au monde, détenteur du "caterpillar", emblème représentant une chenille, qui est attribué aux aviateurs ayant gardé la vie sauve grâce à leur parachute Irving. C’est sous le titre "Histoire de l’ultime vol du Fairey-Fox 0-80. Les suites inattendues d’un saut en parachute, quand le siège éjectable n’existait pas.", que le récit de cet accident parut en 1997 dans le bulletin des "Vieilles Tiges de l’Aviation belge", association dont Edgard Evrard était membre d’honneur.

L’accident dont est victime Evrard semble être le déclenchement d’une prise de conscience du commandement quant aux dangers et problèmes que suppose "l’introduction prochaine d’avions modernes" tel le Fairey Battle. C’est ainsi qu‘en date du 11 décembre 1937, le Commandant de l’Aéronautique militaire (Aé.M.), le Général-Major Iserentant invite le Chef du Service de Santé à "étudier de près les aptitudes médicales du personnel navigant et de déterminer les épreuves à lui faire subir".

Et c’est donc tout naturellement qu’Edgard Evrard est désigné, dès la fin décembre, pour faire partie de l’équipe médicale chargée de l’étude demandée et des vols qu’elle nécessitera.

La mise en route de l’étude sera fort laborieuse, entre autres du fait de l’indisponibilité des appareils due à la priorité accordée à la formation et l’entraînement des pilotes. Par la suite, la situation internationale se détériorant, la phase des études médicales en vol fut mise en veilleuse.

La campagne des dix-huit jours

Le 10 mai 1940, Edgard Evrard est en permission à Nancy chez ses beaux-parents. Apprenant la nouvelle de l’attaque allemande par la radio, il décide de rentrer le jour même. Arrivé à Evere, il rencontre par chance un pilote qui l’amène en moto à l’aérodrome de campagne à Aalter.
Au matin du 11 mai, neuf Battle effectueront la tristement célèbre attaque des trois ponts du canal Albert tombés intacts aux mains de l’ennemi. Six des neufs avions sont abattus. Un des appareils parvient à rejoindre Aalter. L’appareil a été copieusement mitraillé (par l’armée belge !) et des éclats métalliques du siège ont blessé le Caporal Bergman aux jambes et au bas du dos… Après l’atterrissage, comme le caporal semble perdre beaucoup de sang, Edgard Evrard couche l’intéressé sur l’aile du Battle et lui extrait immédiatement les particules de métal. C’est sans doute la seule occasion connue où l’aile d’un appareil a servi de table d’opération.
Le 18 mai, les quelques appareils rescapés (Battle et Fox) sont tous détruits au sol lors d’un bombardement massif effectué par dix-huit Heinkel 111. L’un des trois mécaniciens tués lors de cette attaque décède dans les bras d’Edgard Evrard. Une dizaine de blessés graves sont emmenés à l’Hôpital militaire de Bruges.
L’après-midi du 18, l’ordre est donné de partir immédiatement en France par la route, d’abord vers la région de Tours, ensuite dans les villages situés entre Montauban et Toulouse.

Le résistant et "L’évadé de guerre"

À la mi-août 1940, le Gouvernement français impose le retour en Belgique des unités de l’Aéronautique militaire belge se trouvant sur son territoire et c’est ainsi que les militaires belges, dont Edgard Evrard fait partie, sont remis aux mains des militaires allemands par les autorités françaises. C’est en convoi et sous escorte allemande que les quelques éléments restants de l’Aéronautique militaire rentrent en Belgique. Edgard Evrard a fait la route en ambulance. Arrivé à Bruxelles, il profite d’un arrêt près des étangs d’Ixelles pour quitter le convoi et s’enfuir. Comme il est toujours en uniforme, il attend la tombée de la nuit avant de rejoindre son domicile à Woluwé. Le lendemain, il se rend à vélo dans son village natal, à Obaix, où il retrouve son père et quelques jours plus tard, son épouse.
Il s’ensuit alors un épisode pitoyable. Espérant pouvoir se rendre utile au niveau médical, Edgard Evrard se présente dans un service parastatal de l’armée où le responsable régional le rabroue vertement et lui donne l’ordre de se présenter à la Kommandantur. Il refuse bien évidemment.

En septembre 1940, le Lieutenant médecin Evrard est attaché à un hôpital de la Croix-Rouge, puis par la suite à l’Office de Renseignements et d’Aide aux familles de militaires (ORAF). Cela ne l’empêche pas de s’affilier dès novembre 1940 au premier mouvement clandestin des aviateurs tentant de rejoindre l’Angleterre. Il s’est spécialisé dans la confection de certificats et dossiers permettant à des familles de militaires disparus ou en fuite de toucher des pensions et justifier des absences. Il œuvre ainsi à l’organisation des filières qu’empruntent ses camarades aviateurs en direction de la France libre.

Le 9 mars 1942, le couple Evrard fête la naissance de son premier enfant.
Cette même année 1942, un confrère médecin, inféodé aux Allemands, le met en demeure de s’inscrire à l’Ordre des Médecins nouvellement créé. Edgard Evrard, qui ne peut accepter cet ordre, décide qu’il est temps de quitter la Belgique. Nous sommes le 6 juin 1942, sa fille a trois mois.

Malgré l’aide reçue et les bons conseils prodigués par le curé d’Espolla, premier village catalan sur la route de Gérone, Edgard Evrard et ses compagnons sont arrêtés dans l’après-midi du 23 et incarcérés dans la prison de Figueras (1). Le 2 août 1942, Edgard Evrard est interné au camp de concentration de Miranda de Ebro. Il y séjournera sept mois et demi.

Les prisonniers belges sont regroupés dans quelques baraquements insalubres. Pendant tout son séjour dans le camp, le Docteur Evrard tentera d’améliorer le sort de ses compatriotes et des nombreux autres prisonniers qu’il accepte de soigner quelle que soit leur race ou religion. Début 1943, il jouera un rôle déterminant lors de la grève de la faim entreprise par les détenus, en vue d’obtenir de meilleures conditions de vie et surtout le démarrage d’une politique de libération des prisonniers. Grâce entre autres à sa connaissance de la langue espagnole et à ses talents de négociateur, il put obtenir gain de cause auprès de ses interlocuteurs et mettre ainsi fin à la grève qui risquait de faire de nombreuses victimes parmi les détenus.

Libéré par les autorités espagnoles à la mi-mars, le Lieutenant médecin Evrard gagne Lisbonne et parvient à Londres le 1er mai 1943, en hydravion.

L’homme de science

1947-1950: de cette époque datent plusieurs communications scientifiques à des sociétés savantes belges et étrangères. Elles ont trait aux épreuves qui évaluent la résistance physique des aviateurs et candidats aviateurs et plus particulièrement aux résultats du step test de Harvard, épreuve redoutée par tous les candidats… L’une de ces publications vaut à Edgard Evrard d’être le lauréat du prix de la Société médicale belge d’Éducation physique et des Sports.

Toujours avide d’apprendre, Edgard Evrard obtient une licence de Médecine Tropicale à Anvers en 1949. En septembre 1951, il se rend pour quatre mois aux États-Unis pour une spécialisation en médecine aéronautique au sein de l’U.S. Air Force.

Le 24.11.1951, à Randolph AFB, Texas, le Commandant Médecin Evrard reçoit les ailes de Medical Examiner du Major-General Benson de l'USAF

Le Docteur Evrard établit et entretient d’excellentes relations avec les professeurs des Facultés de médecine. Tant en unité qu’à l’État-major, plusieurs emplois sont occupés par des médecins miliciens, attachés, à titre d’assistant ou de chercheur, à des services universitaires

En 1975, il publie un « Précis de médecine aéronautique et spatiale », un volume de 700 pages qui constitue encore aujourd’hui la référence dans le domaine de l’enseignement de la médecine aéronautique.

En 1976, avec le Professeur Pierre Rylant de l’Université Libre de Bruxelles, il crée le Groupe de contact de Biologie et MEn 1975, il publie un "Précis de médecine aéronautique et spatiale", un volume de 700 pages qui constitue encore aujourd’hui la référence dans le domaine de l’enseignement de la médecine aéronautique.

En 1976, avec le Professeur Pierre Rylant de l’Université Libre de Bruxelles, il crée le Groupe de contact de Biologie et Médecine de l’Aviation et de l’Espace, relevant du Fonds National de la Recherche Scientifique. Ce groupe de contact organise un cours interuniversitaire de médecine aéronautique que le Docteur Evrard dirige de 1977 à 1986

Médecine de l’Aviation et de l’Espace, relevant du Fonds National de la Recherche Scientifique. Ce groupe de contact organise un cours interuniversitaire de médecine aéronautique que le Docteur Evrard dirige de 1977 à 1986.

La création du Centre de Médecine aéronautique

Début 1952, le Major Evrard rencontre de manière fortuite à Bruxelles, Harry Armstrong, le Surgeon General de l’U.S. Air Force. Quatorze années auparavant, à la suite de son saut en parachute, Edgard Evrard avait eu un échange de courrier avec Armstrong. Cette rencontre fut le début d’une amitié chaleureuse qui ne se rompit qu’à la mort d’Armstrong en 1983.

Cette profonde amitié débouche, entre autres, sur une aide efficace et déterminante dans l’acquisition d’équipements et l’utilisation de techniques modernes au Centre de Médecine aéronautique à la Caserne Géruzet à Etterbeek. Le développement de ce Centre n’aurait sans doute pas été possible sans l’appui inconditionnel de cet ami américain.

En janvier 1953, un caisson à dépression, de grande capacité, est installé à Géruzet. Il remplace le caisson mobile dans lequel, malgré les limitations de l’engin, le Docteur Evrard s’est livré sur lui-même, à des recherches relatives aux effets des vitesses ascensionnelles très élevées jusqu’à une altitude de 10.000 m.

Comme le Docteur Evrard le précise dans son ouvrage "Les Ailes d’Esculape", déjà mentionné précédemment :
"Grâce à ce caisson moderne, le service de santé de la Force aérienne disposait d’un instrument de travail qui, dans le domaine de la médecine aéronautique, répondait au tableau d’ensemble que dessinait l’évolution de l’aviation militaire dans les prochaines décennies".

Ce caisson permit l’instruction des élèves-pilotes dans des conditions de sécurité et de réalisme optimales. Le passage dans le caisson a marqué des générations de pilotes et a sans aucun doute permis d’éviter de nombreux accidents d’hypoxie ou de décompressions explosives. Bon nombre de pilotes, dont l’auteur de cette notice, peuvent en témoigner…

1949 - Caisson à dépression mobile

L’historien

Consacrant ses loisirs à l’histoire de la médecine, le Docteur Evrard a publié une trentaine d’ouvrages qui constituent dans ce domaine, des références incontournables. C’est plus spécialement la période napoléonienne qui retient son attention et bien évidemment comme Brabançon, la bataille de Waterloo. Pour son livre: "Le Baron Seutin dans l’histoire militaire et médicale de son temps", un volume de 700 pages, le Docteur Evrard recevra en 1983 le Prix d’Histoire militaire "Général Brialmont".

Dans la "Revue belge d’Histoire militaire", en 1995, le Docteur Evrard a raconté son passage dans le camp de Miranda de Ebro. Il y retrace cet épisode poignant de sa vie, avec la rigueur, le souci du détail exact qui ont caractérisé tous ses écrits professionnels et ouvrages historiques.

Parmi les prix obtenus, on ne peut passer sous silence, le "Prix triennal d’Histoire de la Médecine", décerné par l’Académie Royale de Médecine de Belgique en 1970.

Epilogue

Dans son ouvrage "Les Ailes d’Esculape", qui en quelque sorte, constitue les "mémoires" auxquels il a travaillé pendant plus de dix ans en collaboration étroite avec son fils Michel, le Docteur Evrard termine son épilogue en précisant à propos des membres du personnel navigant, "…que les médecins qui les côtoient et les assistent, doivent posséder quelque chose de plus que leur savoir, même spécialisé. Il faut y ajouter ce que Paul Valéry a appelé, un certain supplément d’âme."

Edgard Evrard possédait incontestablement ce "certain supplément d’âme."

Pour le dire avec les mots de Maurice Druon, Edgard Evrard était le type même du médecin militaire, homme étrange et admirable qui unit trois vocations : l'abnégation du soldat, l'intelligence du savant, la charité du religieux hospitalier.

La valeur d'un homme ne réside pas dans ce qu'il a, mais dans ce qu'il est., Oscar Wilde

IV. Bibliographie

  • Dossier militaire d’ Edgard Evrard, Ministère de la Défense, Bruxelles
  • Edgard Evrard, Physiologie du vol et hygiène de l’aviateur
    Office de Publicité, Bruxelles, 195?
  • Edgard Evrard, Précis de Médecine aéronautique et spatiale
    Editions Maloines, Paris, 1975
  • Edgard Evrard, Le baron Seutin dans l'histoire militaire et médicale de son temps
    Manuscrit déposé à la Bibliothèque Albertine, Bruxelles, 1991
  • Edgard Evrard, Les Ailes d’Esculape
    Société Belge d’Histoire de la Médecine, Bruxelles, 1991
  • Edgard Evrard, Histoire de l’ultime vol du Fairey-Fox 0-80.
    Bulletin des « Vieilles Tiges de l’Aviation belge, Bruxelles, 1995
  • Edgard Evrard, La visite du Comte de la Granja au camp de Miranda de Ebro
    Revue belge d’histoire militaire, 1995
  • Médecin Colonel Paul Vandenbosch - In Memoriam
    Document Agard, 1999
  • Edgard Evrard, Le Chemin des évadés belges vers la Grande –Bretagne
    Bulletin des Vieilles Tiges de l’Aviation belge, Bruxelles, 2001

V. Annexe - Photos

Le Flying Officer Evrard en uniforme de la RAF après son arrivée en Grande-Bretagne, photographié en 1944 devant l'infirmerie de la RAF Station de Snitterfield

Petit village à 6 km au nord de Stratford upon Avon, au coeur du Warwickshire.
Pendant la guerre un aérodrome y fut construit où, début 1944, s'installa le ITW (Initial Training Wing) de la Section belge de la RAF.

1944 - RAF Station Snitterfield
Le F/O Evrard fait visiter l'infirmerie à M. Hubert Pierlot,  premier ministre.
(Coll. MRA)

Cérémonie à Snitterfield
(A la droite du Dr Evrard, Mimie Branders, soeur de Léon et d'Henri)

La période de la Force Aérienne

1963
S.M. le Roi Baudouin visite le caisson à dépression de grande capacité installé en 1953
par le Dr Evrard au Centre de médecine aéronautique à la caserne Major Géruzet à Etterbeek

Le Major Médecin Evrard en 1953

Le Lieutenant-colonel Médecin Evrard à Maxwell AFB,
Alabama (Montgomery) le 18.11.1957

Le temps de la retraite

1977 - Le Général-major Médecin e.r. Evrard visite le nouveau caisson
à dépression installé au Centre de médecine aéronautique à Evere

Le Général Evrard à Espolla en 1998, premier village
espagnol qu'il traversa en 1942 après le passage des
Pyrénées, sur la route de la liberté

1976
Grand amoureux de la montagne, le Général Evrard
en vacances dans le Verbier avec "Monsieur Croc",
le chien de son fils Michel

et le temps de l'écriture

En hommage à un éminent membre d'honneur