Les vieilles tiges de l'aviation belge

Georges Nélis, fondateur de l’industrie aéronautique et de l’aviation civile en Belgique

Michel Mandl et Georges de Coninck

I. La personnalité

Né à Hal le 22 mai 1886.
Décédé à Bruxelles le 2 mars 1929.
Major Aviateur Honoraire
Administrateur de sociétés

 Carrière aéronautique et curriculum vitae militaire

Entré à l’Ecole militaire le 16 décembre 1904, Nélis est nommé Sous-lieutenant le 24 décembre 1906 et désigné pour le Régiment du génie le 9 juin 1909.

En septembre 1909, Nélis est nommé Lieutenant, et passe à la Compagnie des ouvriers et aérostiers.

Premier élève-pilote militaire, Georges Nélis est promu « 1er Aspirant-aviateur » en octobre 1910.

Le 21 décembre 1910, il obtient sa licence de pilote de la Fédération Aéronautique Internationale et devient officiellement le premier "Aviateur militaire" le 25 septembre 1911.

Le 23 octobre 1911, il est désigné comme "professeur technique" à l’Ecole d’Aviation militaire.

Nommé Chevalier de l’Ordre de Léopold le 21 juillet 1913, il passe le 15 octobre à la Compagnie des Aviateurs nouvellement créée. En novembre, il accède au grade de Capitaine en second.

Le 19 mai 1915, il est nommé Adjoint au Directeur technique du Service de l’Aviation et devient Chef du Parc d’Aviation de la Base de Calais.

Le 18 décembre 1916, il est nommé Capitaine- Commandant.

Il obtient la Croix de guerre avec Palme le 1 mai 1919, la Médaille de la Victoire le 31 août et est décoré de la Médaille commémorative de la Guerre 14-18, le 19 septembre de la même année.

Le 8 décembre 1919, il est "désigné pour être détaché au service de la Colonie à la date du 15 décembre".

Le 15 mai 1923, il est admis à la pension et est nommé Major Honoraire le 24 octobre 1924.

Le 22 février 1927, il passe rétroactivement dans le cadre de la Réserve à la date du 25 mai 1921.

II. Biographie détaillée

L’étudiant modèle

Georges Nélis est le fils de Jules Nélis et de Marie-Louise Berger, tous deux originaires d’Orp-le-Grand (Brabant wallon). Il fait ses études secondaires à Hal dans l’école dirigée par son père.

Elève exceptionnellement doué qui brille dans les matières scientifiques et mathématiques, Georges Nélis, choisit la carrière d’officier.

Lors de l’examen d’entrée à l’École Militaire en 1904, il rencontre le futur médaillé olympique Victor Boin auquel le lie dès ce jour, une amitié sans faille.

Le Général Leman, commandant de l’École, voit dans le jeune Nélis un homme d’une grande qualité et le prend sous sa protection. Georges Nélis devient ainsi le collaborateur du Général pour des études mathématiques, ce qui lui permet d’entrer en contact avec bon nombre de personnes influentes, à commencer par le Roi Albert Ier qui le compte ultérieurement parmi ses amis personnels

Nélis découvre l’aviation

Mais Nélis n’est pas qu’un esprit scientifique, c’est aussi un homme d’action d’un grand pragmatisme qui s’intéresse aux nouvelles technologies et plus spécialement à l’aviation.

C’est ainsi qu’il est le seul officier à répondre à un appel de recrutement d’élèves pilotes parmi les unités du Génie. Le 3 octobre 1910, le Lieutenant Nélis est promu « 1er Aspirant-aviateur » de l’armée belge.

En fait, à ce moment, l’aviation n’a pas la cote au sein de l’armée où beaucoup partagent l’avis des Britanniques : « Aviation is a good sport, but for the army it is useless »

La Compagnie des Ouvriers et Aérostiers, dont Nélis fait dorénavant partie, a été invitée par le ministre de la guerre, le Général Hellebaut, à ériger une école d’aviation. À cette fin, autorisation a été donnée au Capitaine Le Clément de Saint Marcq (commandant de la Compagnie) d’acquérir un appareil d’écolage.

Ce sera un Henri Farman HF3, proposé par le chevalier Jules de Laminne, appareil avec lequel le ministre avait, quelques semaines auparavant, effectué son baptême de l’air à l’aérodrome de Kiewit (Hasselt)… Il est utile de préciser que le plus grand défenseur du développement d’une aviation militaire n’est autre que le Roi Albert lui-même… N’avait-il pas interpellé ses généraux en prédisant cette même année 1910 « que cette manière de se déplacer aurait un impact considérable sur la stratégie et, malheureusement aussi, sur la sécurité de nos villes. Il est de notre devoir de nous y préparer de façon approfondie ».

Le 15 octobre 1910, après un passage à Kiewit, Nélis est envoyé en France pour y suivre un stage chez Farman (Mourmelon) pour la cellule et chez Gnôme (Colombes), pour le moteur du HF3.

Début novembre, Nélis réceptionne en compagnie de Jules de Laminne, le premier avion HF3 destiné à l’armée belge. L’avion est acheminé à Kiewit par train et camions.

Georges Nélis, premier aviateur militaire

Le 21 décembre 1910, Georges Nélis obtient son brevet de la Fédération Aérienne Internationale (F.A.I.) et devient ainsi officiellement le premier aviateur militaire (soit le 28e aviateur belge).

Début 1911, Nélis poursuit son écolage à Kiewit en compagnie de quatre autres officiers, dont le Lieutenant Lebon, autre officier du Génie.

Quelques mois plus tard, il assiste à l’ouverture de l’aérodrome de Brasschaat (St-Job), ce qui coïncide avec la mise en fonction, comme patron de la Compagnie, du Commandant Mathieu, polytechnicien et professeur à l’École Royale Militaire. Mathieu se met immédiatement au travail et décide de restructurer son unité. Il prend Nélis comme adjoint administratif et militaire et confie le rôle de moniteur à Lebon. Selon certaines sources, cette mise en place aurait été inspirée par le souverain lui-même, lors d’une entrevue avec les intéressés en novembre 1910…

Ensemble, ils élaborent les règlements et les procédures et ils les confrontent aux réalités du terrain, avec deux appareils (un HF3 et l’Aviator que Pierre de Caters, notre premier aviateur, avait offert au Roi Albert) et une dizaine d’élèves qui viennent de terminer leur formation élémentaire à St-Job. Le Lieutenant Wahis, qui deviendra par la suite le premier commandant de l’Aviation militaire belge, fait partie de cette promotion.

Au cours de cette période où tout reste à inventer, Nélis a l’occasion d’effectuer les premières missions de reconnaissance et son compère Lebon, les premières photos aériennes. Fin juillet, le Farman est fortement endommagé, mais remplacé dès le mois d’août par deux nouveaux Farman « grand modèle 1911 ». C’est avec ces appareils que l’équipage Nélis-Dhanis participe aux grandes manœuvres de septembre 1911 et établit au cours d’un de ces vols, un record belge d’altitude.

En septembre 1912, Nélis retrouve son compagnon Victor Boin qui s’intéresse beaucoup à l’aviation et lui offre, au départ de Brasschaat, un baptême de l’air en Farman HF11.

Au début de cette même année 1912, Georges Nélis avait reçu de Jules de Laminne l’appareil HF3 avec lequel il aurait, selon certaines sources, débuté son écolage. Nélis s’empresse de le prêter à l’école. Le Commandant Mathieu décide de transformer l’appareil en le dotant d’un véritable habitacle (cockpit) et d’un moteur Gnôme plus puissant. Nélis baptise cet appareil le « Farman Rapide Nélis – F.R.N. ».

  

Quelques semaines après la réception de cet appareil, en février 1913, au cours d’une mission Brasschaat-Louvain et retour, le Lieutenant Sarteel prend la liberté d’effectuer à Louvain un vol local avec passager. L’appareil est toutefois trop lourd et c’est la "perte de sustentation". Le F.R.N. s’écrase et est détruit.

Le Lieutenant Nélis, dépêché sur place par Mathieu, est ainsi chargé de la première enquête officielle à l’issue d’un accident d’avion militaire.

Les premières fonctions à responsabilité

Entre-temps, Nélis est devenu officiellement le directeur technique de l’École de Pilotage. Il a, dans cette fonction, l’occasion de participer au programme de développement de la mitrailleuse Lewis sur HF16, appareil qui équipe la 1ère escadrille depuis le mois d’avril 1913. Nélis effectue lui-même les essais en vol avec le Lieutenant Stellingwerf à la mitrailleuse. Ils sont les premiers à démontrer, sur le continent européen, qu’il est possible, à bord d’un avion, de viser et d’atteindre une cible au sol.

  

L’exploit est relaté de la façon suivante dans la presse : « Les tirs sont exécutés par séries de 50 cartouches à 200, 300, 400 m de hauteur et à une distance de 600 à 1000 m de la cible, donnant chaque fois, malgré un vent assez fort, des résultats extraordinaires qui émerveillent l’assistance ».

Le succès de ces essais en vol ne parviendra cependant pas à convaincre les sceptiques et les opposants à l’utilisation de l’avion dans un contexte militaire. Pour eux, « on ne défend pas son pays au moyen d’aéroplanes, mais avec des baïonnettes et des balles ».

Peu après, à la conférence de désarmement à La Haye, la délégation belge tentera même d’interdire l’utilisation de l’avion comme arme de guerre…

C’est dans ce climat hostile à l’aviation militaire, que le Commandant Mathieu, à l’instigation du Palais, rédige malgré tout, la première mouture d’un arrêté royal autorisant la création d’une organisation qui doit dans le domaine aérien, permettre à la Belgique de se hausser au niveau de ses ennemis potentiels, la France et l’Allemagne.

L’arrêté royal est signé le 16 avril 1913, date officielle de la création de la "Compagnie des Aviateurs".

Ce même mois d’avril, au cours d’une conférence à l’Aéroclub de Belgique, Georges Nélis, qui est à ce moment le commandant de l’École d’Aviation à Brasschaat, a l’occasion de développer ses idées quant à l’avenir de l’aviation militaire. Pour lui, l’armée a besoin de six escadrilles de chacune six avions et non pas de quatre escadrilles de quatre avions comme le prévoit l’arrêté royal.

Au mois de juillet, le Lieutenant Nélis, dans une publication, plaide à nouveau pour le passage à six avions par escadrille. Pour lui, la faible disponibilité des appareils Farman HF20, due essentiellement à des problèmes d’entretien, « ne permet même pas, en cas de mobilisation, d’aligner l’équivalent d’une escadrille française, britannique ou allemande ».

Au cours des manœuvres de septembre, seules deux escadrilles sont opérationnelles. Elles démontrent toutefois, par les renseignements rapportés, toute leur utilité en cas de conflit. Dans un article fort élogieux pour les aviateurs, « La Belgique Militaire », toujours fort critique vis-à-vis de l’aviation, constate amèrement que dorénavant « la Reine des Batailles, l’Infanterie, devra se cacher pour gagner ».

Les années de guerre

À la mobilisation, le 31 juillet 1914, l’ordre de bataille de la compagnie se compose de 37 aviateurs et observateurs, avec à sa direction, le Commandant Mathieu, assisté des Lieutenants Nélis et Lebon.

Le 1er août, l’Armée passe sur « pied de guerre » et Brasschaat devient l’unité d’appui des escadrilles opérationnelles sous le commandement du Lieutenant Nélis. Il en gardera la direction pendant toute la durée du conflit.

Pendant le siège d’Anvers (26 août – 7 octobre 1914), les ateliers de Nélis, grâce entre autres à l’aide fournie par le personnel et le matériel de la firme Bollekens, tournent 24 h sur 24 pour mettre de nouveaux appareils en ligne et réparer les avions endommagés.

Le bombardement systématique d’Anvers oblige la Compagnie à se replier en France à Saint-Pol-sur-Mer près de Dunkerque, via Ostende et Gand. Malencontreusement, le convoi ferroviaire acheminant le gros du matériel et l’équipement aéronautique s’est égaré. Nélis retrouve le convoi à Amiens et le remet sur la bonne voie…

Le fraîchement nommé directeur des services techniques s’attelle immédiatement à la reconstruction de son service sur terre française, plus exactement à Calais (Le Beau-Marais). Le temps presse. L’aviation est à la limite de l’asphyxie et la période la plus noire de son existence doit encore commencer…

La première bataille de l’Yser et l’impact des intempéries sur le matériel en bois ont amené Nélis à passer d’importantes commandes de pièces de rechange. Les tergiversations françaises à fournir le matériel commandé conduisent le Commandant Mathieu en février 1915, à s’adresser au ministre de la guerre afin qu’il intervienne auprès de son homologue français. La France est disposée à rééquiper la Compagnie (sept Voisin de 130 CV) pour autant que celle-ci passe sous commandement français. Mathieu accepte la proposition et ce malgré l’opposition du Roi…

Après le passage sous la responsabilité de l’Artillerie, la Compagnie des Aviateurs change d’appellation. Le 20 mars 1915, à l’occasion de la remise de commandement du Commandant Mathieu (malade) au Commandant Wahis, la Compagnie devient « l’Aviation Militaire Belge (A.M.B.) ».

Le 27 juillet 1915, Georges Nélis épouse Marguerite Cambier, fille d’un juge de Hal. Ils s’établissent à Calais dans un petit pavillon de bois. Leurs deux filles y verront le jour.

Début 1916, l’A.M.B. subit sa première réorganisation. Le Commandant Wahis est écarté et remplacé par un artilleur sans aucune expérience de l’aviation : le Major de Tournay. Celui-ci devient le patron de toutes les unités d’appui qui regroupent dorénavant l’école, le parc et le service d’achat, nouvellement créé. Nélis garde la responsabilité du « Parc de Maintenance » qui n’a cessé de prendre de l’ampleur. À son arrivée à Calais, le détachement se composait d’un officier et septante soldats. En mars 1916, Nélis dispose de cinq officiers et cinq cents sous-officiers et soldats.

Le réapprovisionnement en pièces de rechange dépendant essentiellement de la bonne volonté des autorités britanniques et françaises, Nélis songe fin 1916, à développer ses propres avions avec l’aide de son ingénieur en chef, le Lieutenant Demonty.

  

Au total, six appareils voient le jour : du GN 1 au GN 6. Les deux premiers appareils sont construits par la firme Bollekens qui a suivi Nélis à Calais. Assez étrangement, la collaboration avec la firme anversoise s’arrêtera au printemps de 1917… Cette décision est apparemment prise par Nélis parce  que « Bollekens semble incapable de suivre l’évolution technique du moment… »

Les « GN » n’ont rien de révolutionnaire. Il s’agit en fait de Farman modifiés pour être utilisés de nuit. Certains spécialistes n’hésitent pas à penser qu’il s’agit là surtout d’un exercice de style, destiné à préparer l’après-guerre plutôt que d’une volonté de mettre en œuvre des appareils compétitifs capables de damer le pion aux avions allemands.

Sa maladie

Les différentes sociétés SNETA, SABCA, SABENA dont Nélis a la responsabilité depuis leur création, prospèrent. On ne peut pas en dire autant de la santé de leur dirigeant et animateur. À l’automne 1928, Georges Nélis tombe gravement malade et en ce qui concerne les trois sociétés citées, il passe les rênes au Colonel Jules Smeyers, commandant de l’Aviation militaire.
On a écrit de Nélis que l’excès de travail a ruiné sa santé. Malgré son très jeune âge - il n’a pas encore 43 ans- c’est un homme fatigué qui de son lit de malade, quelques jours avant sa mort, s’occupe encore d’un nouveau projet de ligne aérienne en Afrique…Jusqu’à la fin de sa vie, il restera préoccupé par ses responsabilités.

 « Après une longue et pénible maladie », comme le précise le faire-part, Georges Nélis s’éteint le 2 mars 1929 à Ixelles.
La perte est grande pour sa famille, mais aussi pour l’aéronautique civile et militaire.
Georges Nélis est inhumé avec les honneurs militaires au cimetière d’Ixelles, accompagné par un imposant cortège funèbre. C’est son grand ami, Victor Boin, qui prononce son oraison funèbre.

Un an plus tard, la dépouille de Nélis est transférée au cimetière de Bruxelles Evere, où l’attend un monument funéraire qui perpétue jusqu’à nos jours, le souvenir d’un grand homme, d’un pionnier qui fut, le tout premier, capable d’entrevoir les possibilités offertes par la troisième dimension.

 

 

III. Les Faits Marquants

Premier pilote militaire, Georges Nélis contribue donc de façon déterminante au développement d’une aviation militaire pendant les années de guerre.
Toutefois, ce sont les années qui s’en suivent qui permettront à Nélis de déployer tout son talent d’organisateur et à devenir, sans aucune contestation possible le fondateur de l’aviation civile et de l’industrie aéronautique en Belgique.

Dès que l’armistice est effectif, Nélis, nommé commandant, s’installe avec son service technique à Evere, sur le champ d’aviation utilisé par l’occupant allemand.

Avec la collaboration de Victor Boin qu’il côtoie régulièrement - Boin a fait partie de l’escadrille d’hydravions à Calais-, Nélis publie le 15 janvier 1919, l’ouvrage qui constitue la référence lorsqu’on évoque la naissance de l’aviation civile. Son titre : « L’expansion belge par l’aviation ». Ce pamphlet de 46 pages, publié pour compte de la revue « La Conquête de l’Air », est destiné « à ceux qui ont des responsabilités dans le développement et la gestion du pays et de sa colonie ». Il rencontre un vif succès.

Dans cet ouvrage, Nélis plaide pour une forte aviation militaire, un ministère de l’aéronautique, une extension de la flotte civile et des liaisons entre Bruxelles et les grandes villes européennes.

Ce projet de construction d’une aéronautique civile verra progressivement le jour grâce entre autres à l’appui du Roi Albert et surtout, comme le précise Guy Vanthemsche dans son ouvrage sur l’histoire de la SABENA, au soutien des principaux organismes bancaires du pays.

Création de la SNETA

En mars 1919, l’acte de fondation du Syndicat National pour l’Étude des Transports Aériens est signé et le 11 novembre de la même année, le Syndicat est transformé en Société Nationale (SNETA). Après avoir fait ses adieux à l’armée, Georges Nélis en est nommé Directeur.

Cette société commence des vols de démonstration à Anvers, Bruxelles et Spa. En un an, 6000 Belges font ainsi connaissance avec l’aviation. Le 25 mai 1920, c’est le premier vol Bruxelles-Londres à bord du biplan DH-9 et après le 2 mai 1921, ce seront des lignes régulières avec Amsterdam et Paris.

Parallèlement à ces liaisons en Europe, la SNETA développe ses premières activités aéronautiques dans la colonie et plus précisément le long du fleuve Congo à l’aide d’hydravions. L’objectif est de relier Matadi et Léopldville à Stanleyville, soit 1724 km…

La ligne est baptisée LARA : Ligne Aérienne Roi Albert et le premier vol opérationnel est effectué le 1er juillet 1921.

 Médaille du 10ème anniversaire de la SNETA

Le jeune homme qui a servi de modèle au sculpteur C. Devriese, est le fils de Victor Boin, ami de Georges Nélis.

Naissance de la SABCA

La SNETA prépare en fait la voie pour la création en Belgique d’une industrie des transports aériens. Nélis estime qu’il faut pouvoir s’affranchir des fournisseurs étrangers et décide, une fois de plus avec le soutien du Roi Albert, de fonder une société de construction. La Société Anonyme Belge de Constructions Aéronautiques ou SABCA est créée le 16 décembre 1920. L’entreprise est pleinement opérationnelle le 1er août 1921. Georges Nélis en devient tout naturellement l’administrateur-directeur,

En 1923, l’entreprise occupe 450 personnes. Elle étonne d’emblée ses concurrents européens par son art et sa maturité. Aidée par le gouvernement qui, selon Victor Boin devenu rédacteur en chef de la « Conquête de l’Air », reconnaît « que le sort des nations européennes sera scellé dans les airs », la SABCA voit son carnet de commandes s’étoffer d’importants travaux sous licences de constructeurs français, anglais et italiens.

Cette même année 1923, l’aéronautique militaire décide de renouveler la flotte d’avions d’entraînement et de chasse. La SABCA est chargée de construire 28 Avro 504K et 108 chasseurs Nieuport 29C1. Son avenir semble assuré.

Création de la SABENA

 Au mois de juin 1922, la SNETA suspend ses activités aériennes et procède à la création de la Société Anonyme Belge d’Exploitation de la Navigation Aérienne ou SABENA. Ici également Nélis occupe la fonction d’administrateur-directeur. La SABENA est définitivement constituée le 23 mai 1923.

Les actionnaires en sont la SNETA, l’Etat belge et le Congo.

Malgré l’immense expérience qu’il vient d’acquérir, Nélis reste prudent dans le développement du réseau aérien. Il prévoit trois axes importants: Londres-Cologne, Hollande-Suisse et France-Scandinavie.

Pour les avions, Nélis, dans une attitude de prudence à l’égard des pannes de moteurs, porte son choix sur le trimoteur Handley-Page W8. Le 25 avril 1924 à Crickelwood (Londres), Georges Nélis, en compagnie du professeur Emile Allard, directeur du Laboratoire Aérotechnique de Belgique de Rhode-Saint-Genèse, assiste aux vols d’essai de cet appareil. La SABENA en mettra quinze en service, dont dix (version améliorée W8F) seront construits par la SABCA.

En février 1925, Edmond Thieffry, un des as de la guerre et ami de Nélis, effectue avec un Handley-Page baptisé le « Princesse Marie-José », la liaison Bruxelles-Léopoldville en 75 heures de vol. Il faudra toutefois encore attendre 10 ans avant que ne s’établisse une ligne régulière entre la Belgique et sa colonie.

Au cours de l’année 1924, Nélis accepte, en plus de ses fonctions à hautes responsabilités au sein de la SABCA et de la SABENA, de devenir l’administrateur délégué d’une nouvelle compagnie d’aviation spécialisée dans le transport de pigeons : la SOCTA. De même, il accepte de devenir administrateur de la "Compagnie aérienne Belge - CAB" qui se spécialise dans la photographie aérienne.

On peut dire de Nélis que c’était un visionnaire qui sentait ce que pouvait signifier l’avenir de l’aéronautique pour la Belgique et qui s’est dépensé sans compter pour que ce futur se réalise.

IV. L’album photos


Inauguration de l’Ecole d’Aviation militaire
De Lamine a comme élèves, de g à dr : Dhanis, Nélis et Lebon
(Col. AELR)


Nélis prêt au décollage aux commandes d’un Farman IV


Le Lt Nélis aux commandes d’un Farman Rapide
prêt à décoller de Kiewit
(Col. AELR)


Georges Nélis aux commandes d’un Farman HF20-11 à Brasschaat-Poygone


Départ en mission du Lt Nélis en Geo Farman HF20


Le Lt Nélis à Calais sur hydravion


Le Hangar Farman à Kiewit


Montage d’un hangar du type Bessoneau à Kiewit
le 18.4..1911
Au centre , le Lt Nélis


Georges Nelis reçoit une délégation russe.


Georges Nelis et la Reine Elisabeth


Georges Nélis fait visiter les installations de la SNETA au Roi Albert 1er (vers 1920).


Plateau d’argent offert à Georges Nélis  à l’occasion de son mariage. Parmi les signatures ont peut reconnaître des noms qui allaient occuper les devants de la scène aéronautique belge, comme Edmond Thieffry qui effectue le premier vol Belgique-Congo et Van Cottem qui popularisa le vol à voile.


Le prince Léopold entouré par Demonty, Boin, Nélis, Thiefry et Roger


Tombeau de Georges Nélis au cimetière de Bruxelles à Evere – Rond-point des Alliés

La stèle due au sculpteur Pierre De Soete, est une allégorie modernisée d’Icare. Sur le fond, une croix et un caducée, symboles de Mercure. Le motif principal représente le héros couché, recouvert de son aile gauche d’où dépasse une hélice. Le gisant tient dans sa main droite une plume gravée « Belgique-Congo » et son visage est moustachu !

Le monument fut élevé en 1930 grâce à une souscription nationale.


Les Vieilles Tiges de l’aviation belge

fleurissent la tombe chaque année,
à l’occasion de la Toussaint.