De Vieilles Tiges van de Belgische luchtvaart vzw

Hélène Dutrieu, première femme pilote belge et seconde femme pilote au monde

Le Service de documentation du Musée de l’Air a bien voulu nous remettre une photocopie des documents en sa possession concernant Hélène DUTRIEU. Parmi ces documents nous avons choisi de reproduire une biographie de Mr .A. VAN HOOREBEECX qui donne le plus de détails sur les débuts et les exploits d’Hélène DUTRIEU en aviation. Nous les avons complétés par des renseignements nous communiqués par Madame Raymonde TREHOUX-BACHELY, cousine de notre ami Gérard VERMANDER, et extraits des “Biographies Tournaisiennes des XIXème et XXème siècles” de Gaston LEFEBVRE.

DUTRIEU Hélène, Marguerite, naquit à TOURNAI le 10 juillet 1877. A l’âge de 14 ans elle dut abandonner l’école pour gagner sa vie. Sportive dans l’âme, elle participa à de nombreuses courses cyclistes. En 1895, à 18 ans, elle remporta le record de l’heure ainsi que le championnat du monde, catégorie dames. En 1897, à Ostende, elle remporta le championnat du monde de vitesse sur piste et, en 1898, le Grand Prix d’Europe.

Délaissant alors la bicyclette, Hélène DUTRIEU gagna Paris où elle fit carrière de comédienne. Après avoir assisté au spectacle à la mode "looping the loop", elle décida d’en faire autant, sinon, mieux. Elle devint la “flèche humaine”, effectuant dans le vide un saut sur sa bicyclette lancée à toute allure d’un plan incliné.

Lorsqu’elle eut assisté à un vol de WRIGHT, elle voulu aussi devenir pilote. Un de ses amis lui proposa de piloter un appareil du type «Demoiselle». Les usines Clément BAYART avaient acquis la licence Santos-Dumont. Il fallait un pilote léger pour la “Demoiselle”. Une femme pouvait convenir par son poids et constituer en même temps une publicité de premier ordre.

A 31 ans, elle n’avait jamais piloté. Santos Dumont, à qui elle demanda conseil, la renvoya assez froidement. Le jour prévu pour le vol, en décembre 1908, un mécanicien donna quelques recommandations à Hélène DUTRIEU. Elle décolla, monta comme une flèche, mais effrayée, poussa le manche vers l’avant et atterrit brutalement. L’avion fut complètement détruit. Assagie par cette expérience, Hélène DUTRIEU apprit à manier la “Demoiselle”, mais l’appareil n‘était pas stable. Après quelques semaines, elle démissionna.

Elle écrivit alors à René SOMMER. Celui-ci venait de construire le biplan portant son nom, avion énorme comparé à la frèle ”Demoiselle”. Convaincu par Hélène DUTRIEU de ses qualités de pilote, SOMMER lui confia son avion. L’aviatrice décolla; à peine en l’air, elle aperçu la Meuse et voulu absolument éviter le fleuve, pourtant pas bien large. Elle réussit ainsi, contre son gré, son premier virage. Revenue au-dessus de la prairie d’où elle avait décollé, elle vit bien les gestes d’appel lancés par SOMMER et les quelques témoins du vol, mais elle n’atterrit pas. Elle n’osait pas atterrir. Après 20 minutes de vol, elle dut bien prendre la décision de se poser et réussit parfaitement. C’était enavril 1910.

Le mois suivant, elle participa au meeting d’Odessa. Au cours d’un passage à basse altitude, elle accrocha la cheminée d’une petite maison et se trouva au sol, son appareil complètement démoli. SOMMER cassa le contrat. Il avait appris que son aviatrice ne savait pas piloter.

Revenue en France, à Mourmelon, elle y rencontra Dick FARMAN qu’elle avait connu à l’époque où ils faisaient tous deux du vélo. Il accepta de lui confier un avion ... sans moteur. Il se refusait à effectuer pareils frais. Hélène DUTRIEU s’en alla trouver Monsieur Seghin, Directeur de GNOME. Elle obtint son moteur. FARMAN insista pour qu’elle prenne son brevet de pilote.

Elle réussit toutes les épreuves, mais à la suite d’une réclamation injustifiée, l’Aéro-Club de France décida de la faire recommencer (23 août 1910). Or elle avait un engagement. Blankenberge, à cette époque avait organisé une manifestation aérienne. Hélène DUTRIEU décolla le 3 septembre de la plage de Blankenberge ayant à son bord son premier passager: BEAU, son mécanicien. Elle piqua résolument sur la campagne en direction de Bruges. Elle survola la vieille ville flamande, contourna son admirable beffroi, puis reprit le chemin de la plage d’où elle s ‘était envolée. Hélène DUTRIEU venait, sans le savoir, réussir plusieurs grandes premières et d’entrer dans la légende:

  • première femme belge pilote d’avion;
  • première femme (au monde) ayant exécuté un vol au dessus de la campagne;
  • premier aller-retour, ville à ville sans escale, accompli par une femme pilote;
  • premier aller-retour, ville à ville sans escale, accompli par une femme pilote avec passager;
  • première femme ayant effectué un vol avec passager;
  • record (officieux) d’altitude: environ 400 m.;
  • record (officieux) de durée: environ 35 à 40 minutes;
  • record (officieux) de distance: environ 45 km.

Le lendemain, elle était célèbre.

L’Aéro-Club de Belgique décida de lui octroyer son brevet de pilote: il porte le N0 27 et est daté du 23.11.1910. Vingt-six pilotes masculins l’ont donc précédée en Belgique, mais au niveau mondial féminin elle se classe deuxième, devancée uniquement par l’aviatrice française, la baronne de la ROCHE, qui a obtenu son brevet six mois auparavant.

Le 5 décembre 1910, elle gagna la coupe Fémina, parcourant 60 kin,800 en 1 h 09 min. Elle devint ainsi la première femme à tenir l’air durant plus de 60 minutes.

Toute l’année 1911 fut consacrée aux meetings et exhibitions par toute l’Europe. En mai, elle remporta la coupe du Roi d’Italie, battant tous ses concurrents masculins, parmi lesquels VEDRINES et TABUTEAU.

En octobre, à New York, elle inscrivit son nom sur la liste des records américains avec un vol de 1 h 05 min 15 sec. Elle remporta enfin, en décembre de la même année, la deuxième coupe Fémina avec un vol de 254 km 800 en 2 h 58’.

Le 9 janvier 1913, le gouvernement français lui accorda la Légion d’Honneur, récompense insigne pour une femme.
En 1914, la grande guerre mit fin à la brillante carrière d’aviatrice d’Hélène DUTRIEU. Au début du conflit, elle servit au front comme ambulancière de la Croix Rouge française; mais sa célébrité restait intacte, et, à la fin de l’année 1914, le Général GALLIENI lui demanda officiellement de participer à des conférences de propagande aux Etats-Unis, ce qu’elle fit avec enthousiasme en 1915 et 1916. Puis elle regagna la France où elle dirigea un hôpital jusqu’à la fin du conflit.

En 1922, à 45 ans, elle épousa Pierre MORTIER, journaliste, écrivain et député, obtenant par son mariage la nationalité f rançaise. Son mari lui confia alors l’administration de revues qu’il avait créées et qu’il animait. Mais, à partir de 1946, après la disparition de son époux, Hélène DUTRIEU cessa définitivement ses activités d’administratrice. Elle tint désormais à se consacrer plus étroitement à la promotion de l’aviation en général et de l’aviation féminine en partfculier. Vice-Présidente de la section féminine de Aéro-Club de France, elle créa la coupe Hélène DUTRIEU-MORTIER, dotée de 200.000 F de prix pour l’aviatrice qui, seule à bord de son appareil, parviendrait à parcourir la plus grande distance en ligne droite sans escale.

Hélène DUTRIEU, pionnière incontestée de l’aviation féminine, mourut à Paris le 25 juin 1961 agée de 84 ans.